Raisin d'amérique - Phytolacca americana

Bas-Rhin, Flore

Lutte contre le Raisin d’Amérique dans la Roselière de Roeschwoog – Roppenheim

par David DEMERGES — 20.10.2020

Situé dans le nord-est de l’Alsace, le site Natura 2000 Rhin Ried Bruch, et notamment les sites Natura 2000 FR4211811 « Vallée du Rhin de Lauterbourg à Strasbourg » et FR4201797 « Secteur Alluvial Rhin-Ried-Bruch, Bas-Rhin » abritent des roselières qui forment un réseau d’habitats nécessaire au développement et à la survie de nombreuses espèces protégées de la faune et de la flore, telles que le Busard des roseaux (Circus aeruginosus) ou encore l’Epipactis des marais (Epipactis palustris).

Dans la roselière de Roeschwoog/Roppenheim, protégée par arrêté préfectoral de protection de biotopes (APPB) et située au sein du site Natura 2000 Rhin Ried Bruch, une espèce exotique, le Raisin d’Amérique, se développe depuis 2009. Cette espèce, par son développement sous forme de fourrés denses et par la sécrétion de substances allélopathiques, a tendance à limiter le développement de la flore indigène, limitant par la même occasion la diversité floristique. Il possède également des propriétés répulsives et toxiques pour la faune. Entre 2011 et 2015, un premier contrat Natura 2000 a été mis en oeuvre pour lutter contre cette espèce exotique envahissante. Ce contrat a permis de réaliser un fauchage manuel répétitif des pieds de Raisin d’Amérique soumis à concurrence par les phragmites et un bâchage des zones colonisées où il n’est pas soumis à concurrence par les phragmites. Ainsi, les travaux réalisés ont permis de faire régresser l’espèce, passant de 10 points de présence en 2011 à 5 points de présence en 2015. Ce contrat de lutte contre le Raisin d’Amérique d’un montant de 13 470,00 €, a été cofinancé par l’Union européenne avec le Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural à hauteur de 7 408,50 €, par l’Etat à hauteur de 3 367,50€ et par les communes de Roeschwoog et de
Roppenheim à hauteur de 2 694,00 €. En 2019, dans le cadre de l’animation Natura 2000 Rhin Ried Bruch, le Conservatoire des Sites Alsaciens a dressé un état des lieux de la répartition
du Raisin d’Amérique au sein de la roselière, ainsi qu’un bilan des connaissances disponibles concernant les moyens de lutte. Enfin, une proposition d’opérations à mettre en oeuvre pour poursuivre la lutte contre le Raisin d’Amérique a été réalisée. En effet, ces opérations pourront être réalisées dans le cadre d’un contrat N2000 qui pourra être déposé par la commune de Roeschwoog.

Ce travail a permis de constater que le développement du Raisin d’Amérique se concentre principalement en lisière de la roselière, là où la compétition avec les phragmites est la plus faible. Par ailleurs, l’expansion du Raisin d’Amérique semble rapide. En effet, l’espèce était présente sur 7 points en 2010, 10 points en 2011 (avant les actions de lutte), 5 points en 2015 (à la fin des actions de lutte) et 13 points en 2019. Il a également été mis en évidence que seuls deux moyens de lutte sont envisageables dans la roselière pour des raisons de respect de la réglementation de l’APPB, d’impact écologique ou d’efficacité, à savoir l’arrachage et/ou le fauchage manuel. A noter que l’arrachage manuel favorise la germination et donc l’épuisement de la banque de graines. Cette opération est toutefois très chronophage puisque il s’agit d’une lutte pied à pied, où il est nécessaire de séparer le collet des racines et de la tige. Le bâchage, méthode utilisée lors du précédent contrat, n’est pas conseillé pour les prochaines interventions. En effet, la mise en place d’une bâche nécessite la fauche préalable de la végétation alors que le Raisin d’Amérique est favorisé lorsque le sol est nu ou perturbé.

La méthode proposée par le CSA est l’arrachage des plants à l’aide d’une triandine. Il est nécessaire de regrouper tous les pieds arrachés en un tas, en séparant bien le rhizome de la tige afin d’éviter toute reprise. Par ailleurs, le tas de stockage se fera dans un secteur non propice au développement du Raisin d’Amérique, notamment en sous-bois, là où la lumière disponible et atteignant le sol est faible et ne permettra pas le développement de l’espèce. Si les baies sont déjà formées lors de l’arrachage des plants (et que le temps disponible le permet), il parait important de récolter les baies avant l’arrachage, afin de ne pas entraîner de dispersion supplémentaire. Les grappes devront alors être mises en sacs, évacuées et brûlées. L’évacuation des baies permettra également d’éviter l’intoxication d’animaux. La date de début d’intervention est fixée à la fin août/début septembre. Les zones remuées suite à l’arrachage sont propices à la germination des graines, ainsi un passage en octobre/novembre de la même année permet de détruire les semis apparus.
Étant donné que l’arrachage des semis est plus rapide que celui des plants d’un an ou plus, cette opération constitue un gain de temps pour les années suivantes. La lutte contre les espèces invasives étant une action inscrite au DOCOB du site Natura 2000 Rhin Ried Bruch, le CSA propose de réaliser les actions de lutte contre le Raisin d’Amérique via un contrat Natura 2000. Ce contrat Natura 2000 pourra être déposé sur le prochain PDR si la commune le souhaite.

par Annaëlle MULLER / CSA  – >Publié dans la Lettre d’information Natura 2000 Grand Est, n° 6 (octobre 2020)

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